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Mémoires du Sergent Bourgogne, extraits

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Mémoires du Sergent Bourgogne, extraits Empty Mémoires du Sergent Bourgogne, extraits

Message par Invité Ven 24 Juil 2009 - 8:39

Mémoires du sergent Bourgogne 2/.

... Depuis plus d'une demi-heure que nous étions dans cette position, plusieurs hommes avaient succombé à l'endroit ou nous étions. Beaucoup d'autres étaient tombés dans la colonne, lorsqu'elle était en marche. Enfin nos rangs commençaient à s'éclaircir, et ,nous n'étions qu'au comemncement de nos misères !
Lorsque l'on s'arrêtait afin de prendre quelque chose au plus vite, l'on saignait les chevaux abandonnés, ou ceux que l'on pouvait enlever sans être vu; l'on en recueillait le sang dans une marmite, on le faisait cuire et on le mangeait. Mais il arrivait souvent qu'au moment ou l'on venait de le mettre au feu, l'on était obligé de le manger, soit que l'ordre du départ arrivât, ou que les Russes fussent trop près de nous. Dans ce dernier cas, l'on ne se gênait pas autant, car j'ai vu quelquefois une partie manger tranquillement, pendant que l'autre empêchait, à coups de fusil, les Russes d'avancer. Mais lorsqu'il y avait force majeure et qu'il fallait quitter le terrain, on emportait la marmite, et chacun, en marchant, puisait à pleines mains et mangeait; aussi avait-on la figure barbouillée de sang.

Souvent, lorsque l'on était obligé d'abandonner des chevaux, parce que l'on avait pas le temps de les découper, il arrivait que des hommes restaient en arrière exprès, en se cachant, afin qu'on ne les forçâts point à suivre le régiment.
Alors ils tombaient sur cette viande comme des voraces; aussi était-il rare que ces hommes reparussent, soit qu'ils fussent pris par l'ennemi, ou morts de froid.

... Je reconnais qu'à l'heure du petit dej cette évocation fleure bon l'hémoglobine !

Suite plus tard.
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Message par Invité Ven 24 Juil 2009 - 8:43

Bonne lecture avant le déjeuner et excellent pour le Régime [img]http://yelims.f drunken
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Message par La Poudre Ven 24 Juil 2009 - 17:41

N' ayant, pour l' instant, pas eu l' occasion de lire ces fameuses " Mémoires du Sergent Bourgogne ", je me fais un plaisir d' attendre la suite.

Si quelqu' un pouvait me les prêter, je lui prêterai celles du Commandant Parquin.

A voir à Phalsbourg. Merci d' avance.

Vas y Vlad, c' est à toi, on t' écoute, pour la suite.

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"...Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur, souriant à la mitraille anglaise, la Garde Impériale entra dans la fournaise ..."  ( V. HUGO)

"... Un homme n'est jamais aussi grand, que lorsqu'il s'agenouille, pour aider un enfant ..."

"... Il dort, quoique la vie, pour lui, fut bien étrange, il vivait. Il mourut lorsqu'il n'eut plus son ange. La chose se fit doucement, pas à pas, comme vient la nuit lorsque le jour s'en va ..." (V.HUGO. Les Misérables)
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Message par Invité Ven 24 Juil 2009 - 18:16

Je m'en occupe dès ce soir, pour l'heure faut encore que je travaille un peu !

Et pour les mémoires du plus célèbre des fuzgre tu les auras dès Phalsbourg et je suis preneur d'un prêt ( pour un banquier c'est un comble ) du commandant Parquin.
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Message par La Poudre Ven 24 Juil 2009 - 22:48

Ca marche pour moi.
Avec plaisir à Phalsbourg.

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Message par Invité Sam 25 Juil 2009 - 7:50

Mémoires du sergent Bourgogne 3/

J'étais ce jour là, comme mes amis, dévoré par la faim, mais j'avais, plus qu'eux, le malheur de l'être aussi par la vermine que j'avais attrapée l'avant-veille. Nous n'avions pas un morceau de cheval à manger, nosu comptions sur l'arrivée de quelques hommes de la compagnie, qui étaient restés en arrière, afin d'en couper aux chevaux qui tombaient. Tourmenté de n'avoir rien à manger, j'éprouvais des sensations qu'il me serait difficile d'exprimer. J'étaisprès d'un de mes meilleurs amis, Poumot, sergent, qui était debout près d'un feu que l'on venait de faire, en regardant de tous côtés s'il n'arrivait rien.
Tout à coup, je lui serre la main avec un mouvement convulsif, en lui disant: "Mon ami, si je rencontrais, dans le bois, n'importe qui avec du pain, il faudrait qu'il m'en donne la moitié !" Puis, me reprenant: "Non, lui dis-je, je le tuerais pour avoir tout!".

A peine avais-je laché ces paroles, que je me mis à marcher à grands pas dans la direction du bois, comme si je devais rencontrer l'home et le pain. Y étant arrivé, je le cotoyai pendant un quart d'heure, et tournant brusquement à gauche dans une direction opposée à notre bivac, j'aperçus presque à la lisière du bois, un feu contre lequel un homme était assis. Je m'arretai afin de l'observer, et je distinguai qu'il avait devant lui et sur le feu, une marmite dans laquelle il faisiat cuire quelque chose, car ayant pris un couteau, il le plongea dedans, et, à ma grande surprise, je vis qu'il en tirait une pomme de terre qu'il pressa un peu et qu'il remit aussitôt, probablement parce qu'elle n'était pas cuite.

J'allais m'élancer et courir dessus, mais, dans la crainte qu'il ne m'échappat, je rentrai dans le bois, et, faisant un petit circuit, j'arrivai à quelques pas derrière l'individu, sans qu'il m'ait aperçu. Mais, en cet endroit, comme il y avait beaucoup^de broussailles, je fis du bruit en avançant. Ils e retourna, mais j'étais à côté de la marmite et, sans lui donner le temps de me parler, je lui adressai la parole: " Camarade, vous avez des pommes de terre, vous allez m'en vendre ou m'en donner, ou j'enlève la marmite !" Un peu surpris de cette résolution, et comme je m'approchais avec mon sabre pour pêcher dedans, il me dit que cela ne lui appartenait pas, et que c'était à un général polonais qui bivaquait pas loin de là et dont il était le domestique; qu'il lui avait ordonné de se cacher ou il était pour les faire cuire, afin d'en avoir pour le lendemain.

Comme sans lui répondre, je me mettais en devoir d'en prendre, non san lui présenter de l'argent, il me dit qu'elles n'étaient pas encore cuites, et comme je n'avais pas l'air d'y croire, il en tira une qu'il me présenta pour me la faire palper; je la lui arrachai et, telle qu'elle était, ja la dévorai: " Vous voyez, dit-il, qu'elles ne sont pas mangeables; cachez vous un instant, ayaez de la patience, tachez surtout que l'on ne vous voie pas jusqu'au moment ou elles seront bonnes à manger; alorsje vous en donnerai."

Je fis ce qu'il me dit; je me cachai derrière un petit buisson, mais si près de lui que je ne pouvais le perdre de vue.
Au bout de cinq à six minutes, je ne sais s'il me croyait bien loin, il se leva, et regardant à droite et à gauche, il prend la marmite et se sauve avec, mais pas loin, carje l'arrêtai de suite en le menaçant de tout prendre s'il ne voulait pas m'en donner la moitié. Il me répondit encore que c'était à son général: " Seraient-elles pour l'Empereur, qu'il m'en faut, lui dis-je, car je meurs de faim !" Voyant qu'il ne pouvait se débarrasser de moi qu'en me donnant ce que je demandais, il m'en donna sept. Je lui donnai quinze francs et je le quittai. Il me rappela et m'en donna deux autres; elles étaient loin d'être bien cuites, mais je n'y pris pas grande attention, j'en mangeai une et je mis les autres dans ma carnassières. Je comptais qu'avec cela, je pouvais vivre trois jours en mangeant, avec un morceau de viande de cheval, deux par jour.


Pauvre Bourgogne dont le maigre butin fut inconsommable dès le lendemain, transformé en pierre de glace ...
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Message par Invité Sam 25 Juil 2009 - 11:03

La faim, lorsque tu nous tenaille.

Très beau récit Vlad, continué mon Ami
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Message par La Poudre Sam 25 Juil 2009 - 18:16

Je sens que je vais me régaler à la lecture de ces souvenirs.

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"... Un homme n'est jamais aussi grand, que lorsqu'il s'agenouille, pour aider un enfant ..."

"... Il dort, quoique la vie, pour lui, fut bien étrange, il vivait. Il mourut lorsqu'il n'eut plus son ange. La chose se fit doucement, pas à pas, comme vient la nuit lorsque le jour s'en va ..." (V.HUGO. Les Misérables)
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Message par Invité Sam 25 Juil 2009 - 22:30

Mémoires du sergent Bourgogne 4/

Le passage est dur, âmes sensibles ...

... Il pouvait être onze heures de la nuit. Une partie de ces malheureux étaient endormis. Un bruit confus se fit entendre; c'était le feu qui avait pris dans les deux endroits de la grange, dans le milieu et à une des extrémités, contre la porte opposée où nous étions couchés. Lorsque l'on voulut l'ouvrir, les chevaux attachés en dedans, effrayés par les flammes, étouffés par la fumée, se cabrèrent, de sorte que les hommes, malgré leurs efforts, ne purent, de ce côté, se faire un passage. Alors ils voulurent revenir sur l'autre porte, mais impossible de traverser les flammes et la fumée.

La confusion était à son comble; ceux de l'autre côté de la grange qui n'avaient le feu que d'un côté, s'étaient jetés en masse sur la porte contre laquelle nous étions couchés en dehors et, par ce moyen, empêchèrent de l'ouvrir plus encore.
De crainte que d'autres puissent entrer, ils l'avaient fortement fermée avec une pièce de bois mise en travers; en moins de deux minutes, tout était en flammes; le feu, qui avait commencé par la paille sur laquelle les hommes dormaient, s'était vite communiqué au bois sec qui était au dessus de leurs têtes; quelques hommes qui comme nous, étaient couchés près de la porte, voulurent l'ouvrir, mais ce fut inutilement, car elle s'ouvrait en dedans. Alors nous fûmes témoins d'un tableau qu'il serait difficile de peindre. Ce n'étaient que des hurlements sourds et effrayants que l'on entendait; les malheureux que le feu dévorait jetaient des cris épouvantables; ils montaient les uns sur les autres afin de se frayer un passage par le toit, mais, lorsqu'il y eut de l'air, les flammes commencèrent à se faire jour, de sorte que, lorsqu'il y en avait qui paraissaient à demi-brûlés, les habits en feu et les têtes sans cheveux, les flammes, qui sortaient avec impétiosité, et qui ensuite, se balançaient par la force du vent, les refoulaient dans le fond de l'abîme.

Alors l'on entendait plus que les cris de rage, le feu n'était plus qu'un feu mouvant, par les efforts convulsifs que tous ces malheureux faisaient en se débattant contre la mort: c'était un vrai tableau d'enfer.

Du côté de la porte ou nous étions, sept hommes purent être sauvés en se faisant tirer par un endroit où une planche avait été arrachée. Le premier était un officier de notre régiment. Encore avait-il les mains brûlées et les habits déchirés; les six autres étaient plus maltraités encore: il fut impossible d'en sauver davantage. Plusieurs se jetèrent en bas du toit, mais, à moitié brûlés, priant qu'on les achevât à coups de fusil. Pour ceux qui se présentèrent après, à l'endroit où nous en avions sauvé sept, ils ne purent être retirés, car ils étaient placés en travers et déjà étouffés par la fumée et par le poids des autres hommes qui étaient sur eux; il fallut les laisser brûler avec les autres.

A la clarté de ce sinistre, les soldats isolés de différents corps qui bivaquaient autour de là, et mourant de froid autour de leurs feux presque morts comme eux, accoururent, non pour porter secours - il était trop tard et même il avait presque toujours été impossible - mais pour avoir de la place et se chauffer en faisant cuire un morceau de cheval au bout de leurs baïonnettes ou de leurs sabres. Il semblait, à les voir, que ce sinistre était une permission de Dieu, car l'opinion générale était que tous ceux qui s'étaient mis dans cette grange étaient les plus riches de l'armée, ceux qui, à Moscou, avaient trouvé le plus de diamants, d'or et d'argent. L'on en voyait, malgré leur misère et leur faiblesse, se réunir à d'autres plus forts, et s'exposer à être rotis, à leur tour, pour en retirer les cadavres, afin de voir s'ils n'en trouveraient pas de quoi se dédommager de leurs peines. D'autres disaient: "C'est bien fait, car s'ils avaient voulu nous laisser prendre le toit, cela ne serait pas arrivé !" Et d'autres encore, en entendant leurs mains vers le feu, comme s'ils n'avaient pas su que plusieurs centaines de leurs camarades, et peut-être des parents, les chauffaient de leurs cadavres, disaient: "Quel bon feu !" Et on en voyait trembler, non plus de froid, mais de plaisir.
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Message par Invité Sam 25 Juil 2009 - 22:43

Après ce bien triste passage une photo de la tombre de Bourgogne recemment restaurée par la ville de Valenciennes ( 2008 ):
Vous me direz c'est pas folichon pour se remonter le moral un cimetière sauf si on compare la photo avant la restauration.

Mémoires du Sergent Bourgogne, extraits 080921_016ValenciennesBougogne
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Message par Invité Sam 25 Juil 2009 - 22:44

Avant donc:

Mémoires du Sergent Bourgogne, extraits BourgogneAvant
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Message par Invité Sam 25 Juil 2009 - 23:09

Une restauration bien méritée!!

J´ai ce livre, mais j´aime toujours bien de relire quelques passages:-) et te lire me fais encore plus plaisir!

Bonne nuit et à demain.
Amitiés et salutations.
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Message par Invité Dim 26 Juil 2009 - 9:16

Mémoires du sergent Bourgogne 5/

... Toutes les maisons de cette misérable ville, ainsi qu'un grand couvent qui s'y trouve, étaiente remplis de blessés, qui, en s'apercevant que nous les abandonnions aux Russes, jetaient des cris déchirants. Nous étions obligés de les abandonner à la brutalité d'un l'ennemi sauvage et sans pitié, qui dépouillait ces malheureux blessés, sans avoir égard ni à leur position, ni à leurs blessures.

Les Russes nous suivaient encore, mais mollement; quelques pièces tiraient encore sur la gauche de la route, mais ils ne pouvaient nosu faire grand mal; le chemin sur lequel nous marchions était encaissé; les boulets passaient au dessus et ne pouvaient nosu atteindre, et al présence du peu de cavalerie qui nous restait et qui marchait aussi sur notre gauche, les empêchait de nosu aborder de plus près.

Lorsque nous ûmes à un quart de lieue de l'autre côté de la ville, nous fûmes un peu plus tranquilles; nous marchions tristes et silencieux en pensant à notre position et à nos malheureux camarades que nous avions été forcés d'abandonner; il me semblait les voir encore nous suppliant de les secourir; en regardant derrière, nous en vîmes quelques-uns des moins blessés, presque nus, que les Russes avaient déjà dépouillés, et qu'ils avaient ensuite abandonnés; nous fumes assez heureux pour les sauver, au moins pour le moment; l'on s'empressa de leur donner ce que l'on put pour les couvrir.
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Message par le sergent Dim 26 Juil 2009 - 12:20

J'ai plusieurs exemplaires des memoires du sergent Bourgogne. J'en met un exemplaire dans mon sac. A lire sans modération.....

http://img462.images

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Message par Invité Lun 27 Juil 2009 - 11:49

Mémoires du sergent Bourgogne 6/

... Pendant ce combat isolé, je remarquai, dans la cour, un officier russe monté sur un cheval blanc, frappant à coups de plat de sabre sur ses soldats qui se pressaient de fuir en voulant sauter la barrière, et ne lui laissaient aucun moyen de se sauver. Il finit cependant par se rendre maître du passage, mais, au moment où il allait sauter de l'autre côté, son cheval fut atteint d'une balle et tomba sous lui, de manière que le passage devint difficile. Alors les soldats russes furent forcés de se défendre. Dès ce moment, le combat devint plus acharné. A la lueur des flammes, ce n'était plus qu'une vraie boucherie. Russes, Français étaient les uns sur les autres, dans la neige, se tuant à bout portant.

Je voulus courir sur l'officier russe qui s'était dégagé de dessous son cheval, et qui cherhcait, aidé de deux soldats, à se sauver en passant la barrière; mais un soldat russe m'arrêta à deux pas du bout du canon de son fusil, et fit feu; probablement qu'il n'y eut que l'amorce qui brûla, car, si le coup avait parti, c'en était fait de moi; sentant que je n'étais pas blessé, je me retirai à quelques pas de mon adversaire qui, pensant que j'étais dangereusement blessé, rechargeait tranquillement son arme. L'adjudant-major Roustan, qui se trouvait près du colonel et m'avait vu en danger, courut sur moi et, me prenant dans ses bras, me dit: "Mon pauvre Bourgogne, n'êtes-vous pas blessé ? - Non, lui répondis-je. - Alors ne le manquez pas !" C'était bien ma pensée. En supposant que mon fusil manquât ( chose qui arrivait souvent, à cause de la neige ) , j'aurais couru dessus avec ma baïonnette. Je ne lui donnai pas le temps de finir de recharger, qu'une balle l'avait déjà traversé. Quoique blessé mortellement, il ne tomba pas sur le coup; il recula en chancelant, et en me regardant d'un air menaçant sans lâcher son arme, et alla tomber sur le cheval de l'officier qui se trouvait contre la barrière. L'adjudant-major, passant près de lui, lui porta un coup de sabre dans le côté qui accélera sa chute; au même instant, je revins près du colonel que je trouvai abîmé de fatigue, n'ayant plus la force de commander, il n'avait près de lui que son sapeur. L'adjudant-major arriva avec son sabre ensanglanté, en nous disant que, pour traverser la mêlée et rejoindre le colonel, il avait été obligé de se faire jour à coups de sabre, mais qu'il arraivait avec un coup de baïonnette dans la cuisse droite. Dans ce moment, le sapeur qui soutenait le colonel fut atteint d'une balle dans la poitrine. Le colonel, s'en étant aperçu, lui dit: " Sapeur, vous êtes blessé ? - Oui, mon colonel ", répond le sapeur, et, prenant la main du colonel, il lui fit sentir sa blessure en lui mettant son doigt dans le trou et en lui disant: "Ici, mon colonel ! - Alors retirez-vous !" Le sapeur lui répondit qu'il avait encore assez de force pour le soutenir ou mourir avec lui, ou seul à côté de lui, sil le fallait: " Après tout, reprit l'adjudant-major, ou irait-il ? Se jeter dans un parti ennemi ! Nous ne savons où nous sommes, et je vois bien que, pour nous reconnaitre, nous seront obligés d'attendre le jour en combattant !"
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Message par Invité Lun 27 Juil 2009 - 12:02

Pour le moment les seuls portaits trouvés de notre homme:

Jeune:

Mémoires du Sergent Bourgogne, extraits Bourgogne










Un tout petit peu moins jeune:

Mémoires du Sergent Bourgogne, extraits Bourgogne_reference

Source: site de la veille natale de Bourgogne: Condé sur l'Escaut.

Ville qui nous donna également un Maréchal en la personne d'Emmanuel de Croy qui se couvrir de gloire à Fontenoy à la tête du régiment " Royal Roussillon " en qualité de colonel.
... et quel prénom !

Mémoires du Sergent Bourgogne, extraits Decroy_large

Bon, je vais essayer de prendre un peu de temps ce soir pour l'extrait 7/ que notre bon sergent, en qualité également de grenadier à cheval devarit apprécier à sa juste mesure ... suspens ...
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Message par Invité Lun 27 Juil 2009 - 12:03

Bon, pb sur les photos:
Mémoires du Sergent Bourgogne, extraits Bourgogne_reference
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Message par Invité Mar 28 Juil 2009 - 8:57

Mémoires du sergent Bourgogne 7/

... Il était environ minuit, qu'une sentinelle de notre bivac me fit prevenir qu'il apercevait un vacalier qui paraissait venir de notre côté: je courus de suite, avec deux hommes armés, afin de voir ce que ce pouvait être. Arrivé à une certaine distance, je distinguai parfaitement un vacalier, mais précédé d'un fantassin que le cavalier paraissait faire marcher de force. Lorsqu'ils furent près de nous, le cavalier se fit connaître: c'était un dragon de la Garde qui, pour se procurer des vivres pour lui et son cheval, s'était introduit dans le camp des Russes, pendant la nuit, et, pour qu'on ne fit point attention à lui, s'était coiffé du casque d'un cuirassier russe qu'il avait tué le même jour; il avait, de cette manière, parcouru une partie du camp ennemi, avait enlevé une botte de paille, un peu de farine, et blessé d'un coup de sabre une sentinelle avancée et culbuté une autre qu'il amenait prisonnière. Ce brave dragon se nommait Mellé; il était de Condé; il resta avec nous le reste de la nuit. Il me disait que ce n'était pas ppour lui qu'il s'exposait, que c'était pour son cheval, pour le pauvre Cadetn comme il l'appelait. Il voulait, disait-il, à quelque prix que ce soit, lui procurer de quoi le nourrir, "car si je sauve mon cheval, à son tour il me sauvera ".
C'était la seconde fois, depuis Smolensk, qu'il s'introduisait dans le camp des Russes. La première fois, il avait enlevé un cheval tout harnaché.

Il eut le bonheur de rentrer en France avec son cheval, avec lequel il avait déjà fait les campagnes de 1806 - 1807 en Prusse, en Pologne, 1808 en Espagne, 1809 en Allemagne, 1810 - 1811 en Espagne, et 1812 en Russie, ensuite 1813 en Saxe et 1814 en France. Son pauvre cheval fut tué à Waterloo, après avoir assisté dans plus de douze grandes batailles commandées par l'Empereur, et dans plus de trente combats. Dans le cours de cette malheureuse campagne, je le rencontrai encore une fois, faisant un trou dans la glace avec une hache, au milieu d'un lac, afin de procurer de l'eau à son cheval. Un jour, je l'aperçus au haut d'une grange qui était toute en feu, au risque d'être dévoré par les flammes, et cela toujours pour son cheval, afin d'avoir un peu de paille du toit pour le nourrir, car il n'y avait pas plus à manger pour les chevaux que pour nous. Les pauvres bêtes, indépendamment de ce qu'elles souffraient par la rigueur du froid, étaient obligées de ronger les arbres pour se nourrir, en attendant qu'à leur tour elles nous servent de nourriture.

Beau passage n'est-ce pas ?
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Message par La Poudre Mar 28 Juil 2009 - 10:07

Beau récit d' un réel attachement envers un compagnon.

Pas sûr qu' ils aient été très nombreux à se montrer aussi prévenant. Quand la faim tenaille...
( J' ai, personnellement, vu les meilleurs copains se battre comme plâtre, pour un quignon de pain ! )

A bientôt, Vlad.

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"... Un homme n'est jamais aussi grand, que lorsqu'il s'agenouille, pour aider un enfant ..."

"... Il dort, quoique la vie, pour lui, fut bien étrange, il vivait. Il mourut lorsqu'il n'eut plus son ange. La chose se fit doucement, pas à pas, comme vient la nuit lorsque le jour s'en va ..." (V.HUGO. Les Misérables)
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Message par Invité Mar 28 Juil 2009 - 12:58

Son compagnon aura su le porter jusqu'en France, pas sûr qu'il y soit arrivé à pied !
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Message par Invité Mer 29 Juil 2009 - 22:22

Mémoires du sergent Bourgogne 7/

... Après une attente de cinq à six minutes, nous voyons paraître la tête de la troupe, précédée de dix à douze Tartares et Kalmoucks armés, les uns de lances, les autres d'arcs et de flèches, et, à droite et à gauche de la route, des paysans armés de toute espèce d'armes: au milieu, plus de deux cents prisonniers de notre armée, malheureux et se traînant avec peine. Beaucoup étaient blessés: nous en vîmes avec un bras en écharpe, d'autres avec les pieds gelés, appuyés sur des gros bâtons. Plusieurs venaient de tomber, et, malgré les coups que les paysans étaient obligés de leur donner et les coups de lances qu'ils recevaient des Tartares, ils ne bougeaint pas. Je laisse à penser dans quelle douleur nous devions nous trouver, en voyant nos frères d'armes aussi malheureux ! Pivart ne disait rien, mais à ses mouvements, on aurait pensé qu'il allait sortir du bois pour renverser ceux qui les escortaient. Dans ce moment, arriva au galop un officier qui fit faire halte; ensuite, s'adressant aux prisonniers, il leur dit en bon français: " Pourquoi ne marchez-vous pas plus vite ? - Nous ne pouvons pas, dit un soldat étendu sur la neige, et tant qu'à moi, j'aime autant mourir ici que plus loin !"

L'officier répondit qu'il fallait prendre patience, que les voitures allaient arriver et que, q'il y avait place pour y mettre les plus malades, on les placerait dessus: "Ce soir, dit-il, vous serez mieux que si vous étiez avec Napoléon, car à présent, il est prisonnier avec toute sa Garde et le reste de son armée, les ponts de la Bérézina étant coupés. - Napoléon prisonnier avec toute sa Garde ! répond un vieux soldat. Que Dieu vous le pardonne ! L'on voit bien, monsieur, que vous ne connaissez ni l'un ni l'autre. Ils ne se rendront que morts; ils en ont fait le serment, ainsi ils ne seront jamais prisonniers ! - Allons, dit l'officier, voilà les voitures !" Aussitôt nous aperçumes deux fourgons de chez nous et une forge chargée de blessés et de malades. On jeta à terre cinq hommes que les paysans s'empressèrent de dépouiller et mettre nus; on les remplaça par cinq autres, dont trois ne pouvaient plus bouger. Nous entendîmes l'officier ordonner aux paysans qui avaient dépouillé les morts, de remettre les habillements naux prisonniers qui en avaient le plus besoin, et, comme ils n'executaient pas assez rapidement ce qu'il venait de leur dire, il leur appliqua à chacun plusieurs coups de fouet, et il fut obéi. Ensuite nous entendîmes qu'il disait à quelques soldats qui le remerciaient: " Moi aussi, je suis français: il y a vingt ans que je suis en Russie; mon père y est mort, mais j'ai encore ma mère. Aussi j'espère que ces circonstances nous feront bientôt revoir la France et rentrer dans nos biens. Je sais que ce n'est pas la force des armes qui vous a vaincus, mais la température insupportable de la Russie. - Et le manque de vivres, répond un blessé; sans cela, nous serions à Saint-Petersbourg ! - C'est peut-être vrai ", dit l'officier. Le convoi se remit à marcher lentement...
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Message par Invité Jeu 30 Juil 2009 - 8:47

Mémoires du sergent Bourgogne 8/

...C'était le 25 novembre: il pouvait être sept heures du matin; il ne faisait pas encore grand jour. J'étais dans mes réflexions, lorsque j'aperçus la tête de la colonne. Je la fis remarquer à Picart. Les premiers que nous vîmes paraître étaient les généraux, dont quelques-uns étaient encore à cheval, mais la plus garnde partie à pied, ainsi que beaucoup d'autres officiers supérieurs, débris de l'Escadron et du Bataillon sacrés, que l'on avait formé le 22, et qui, au bout de trois jours, n'existaient pour ainsi dire plus. Ceux qui étaient à pied se traînaient péniblement, ayant, presque tous, les pieds gelés et enveloppés de chiffons ou de morceaux de peaux de mouton, et mourant de faim.
L'on voyait, après, quelques débris de la cavalerie de la Garde. L'Empereur venait ensuite, à pied et un bâton à la main. Il était enveloppé d'une grande capote doublée de fourrure, ayant sur la tête un bonnet de velours couleur amarante avec un tour de peau de renard noir. A sa droite, marchait également à pied le roi Murat; à sa gauche, le prince Eugène, vice-roi d'Italie; ensuite les maréchaux Berthier, prince de Neufchatel; Ney, Mortier, Lefebvre, ainsi que d'autres maréchaux et généraux dont les corps étaient en partie anéantis.

A peine l'Empereur nous avit-il dépassés, qu'il monta à cheval, ainsi qu'une partie de ceux qui l'accompagnaient; les trois quarts des généraux n'avaient plus de chevaux. Tout cela était suivi de sept à huit cents officiers, sous-officiers, marchant en ordre et portant, dans le plus grand silence, les aigles des régiments auxquels ils avaient appartenu et qui els avaient tant de fois conduits à la victoire. C'étaient les débris de plus de soixante mille hommes.
Venait ensuite la Garde impériale à pied, marchant toujours en ordre. Les premiers étaient les chasseurs à pied. Mon pauvre Picart, qui n'avait pas vu l'armée depuis un mois, regardait tout cela sans rien dire, mais ses mouvements convulsifs ne faisaient que ttrop voir ce qu'il éprouvait. Plusieurs fois, il frappa la crosse de son fusil contre la terre, et de son poing sa poitrine et son front. Je voyais de grosses larmes couler sur ses joues et retomber sur ses moustaches ou pendaient des glaçons. Alors se tournant de mon coté: " En vérité mon pays, je ne sais pas si je dors ou si je veille. Je pleure d'avoir vu notre Empereur marcher à pied, un bâton à la main, lui si grand, lui qui nous fait si fiers !" En disant ces paroles, Picart releva la tête et frappa sur son fusil. Il semblait vouloir, par ce mouvement, donner plus d'expression à ses paroles.

Il continua: " Avez-vous remarqué comme il nous a regardés ?" Effectivement en passant, l'Empereur avait tourné la tête de notre côté. Il nous avait regardés comme il regardait toujours les soldats de sa Garde, lorssqu'il les rencontrait marchant isolement, et surtout dans ce moment de malheur, où il semblait, par son regard, vous inspirer de la confiance. Picart prétendait que l'Empereur l'avait reconnu, chose bien possible.
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Message par La Poudre Jeu 30 Juil 2009 - 14:40

LA SUITE ! LA SUITE !

_________________
"...Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur, souriant à la mitraille anglaise, la Garde Impériale entra dans la fournaise ..."  ( V. HUGO)

"... Un homme n'est jamais aussi grand, que lorsqu'il s'agenouille, pour aider un enfant ..."

"... Il dort, quoique la vie, pour lui, fut bien étrange, il vivait. Il mourut lorsqu'il n'eut plus son ange. La chose se fit doucement, pas à pas, comme vient la nuit lorsque le jour s'en va ..." (V.HUGO. Les Misérables)
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Message par Invité Ven 31 Juil 2009 - 23:28

Mémoires du sergent Bourgogne 9/

... Lorsqu'il fut parti, je me rappelai qu'il m'avait parlé d'un magasin de farine dans la maison où avait logé l'Empereur. Aussitôt je me lève, et, quoique bien faible, je me traîne de ce côté. Il n'y avait pas longtemps que l'Empereur en était sorti, et déjà on y avait enlevé toutes les portes.
En y entrant, j'aperçus plusieurs chambres que je parcourus; dans toutes il était facile de voir qu'il y avait eu de la farine. J'entrai dans une où je remarquai que les planche étaient mal jointes; il y avait plus d'un pouce d'intervalle. Je m'assis et, avec la lame de mon sabre, je fis sortir autant de terre que de farine, que je mettais précieusement dans un mouchoir.
Après un travail de plus d'une heure, j'en ramassai peut-être la valeur de deux livres, où se trouvait un huitième de terre, de paille et de petits morceaux de bois. N'importe ! Dans ce moment je n'y fis pas attention. Je sortis heureux et content. Comme je prenais la direction de notre bivac, j'aperçus un feu où plusieurs soldats de la Garde se chauffaient. Parmi eux était un musicien de notre régiment quia avait sur son sac une gamelle de fer-blanc.
Je lui fis signe de venir me parler, mais, comme il ne se souciait pas beaucoup de quitter sa place, ne sachant pas pourquoi je l'appelais, je lui montra mon paquet en lui faisant comprendre qu'il y avait quelque chose dedans. Il se leva, quoique avec peine, et, lorsqu'il fut près de moi, je lui dis, de manière que les autres ne puissent entendre, que s'il voulait me prêter sa gamelle, nous ferions des galettes que nous partagerions.
Il consentit de suite à ma proposition. Comme il y avait beaucoup de feux abandonnés, nosu en cherchâmes un à l'écart. Je fis ma pâte et quatre galettes; j'en donnai la moitié à mon musicien que je ramenai avec moi au régiment, toujours sur les bords de la Bérézina, nous nous chauffâmes en attendant l'ordre de passer les ponts...

Partant dans quelques heures en vacances je reprendrai ce sujet à mon retour dans 15 jours, encore 3 extraits à venir, de quoi j'espère donner envie à tous de lire Bourgogne... ou de relire !
Bonnes vacances aux aoutiens et bon courage aux autres !
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Message par Invité Sam 22 Aoû 2009 - 14:14

Mémoires du sergent Bourgogne 10/

... Le nombre d'hommes qui arrivaient autour de notre feu nous força de l'abandonner et d'en recommencer un autre, quelques pas en arrière. Le désordre allait toujours croissant, mais ce fut bien pis, un instant après, lorsque le maréchal Victor fut attaqué par les Russes et que les boulets et les obus commençaient à tomber dans la foule. Pour comble de malheur, la neige recommença avec force, accompagnée d'un vent froid.
Le désordre continua toute la journée et toute la nuit et, pendant ce temps, la Bérézina charriait, avec les glaçons, les cadavres d'hommes et de chevaux, et des voitures chargées de blessés qui obstruaient le pont et roulaient en bas. Le désordre devint plus grand encore lorsque, entre huit et neuf heures du soir, le maréchal Victor commença sa retraite. Ce fut sur un mont de cadavres qu'il put, avec sa troupe, traverser le pont. Une arrière-garde faisant partie du 9ème corps était encore restée de l'autre côté et ne devait quitter qu'au dernier moment. La nuit du 28 au 29 offrait encore à tous ces malheureux, sur la rive opposée, la possibilité de gagner l'autre bord; mais, engourdis par le froid, ils restèrent à se chauffer avec les voitures que l'on avait abandonnés et brûlés exprès pour les en faire sortir.

...

Ces malheureux, qui n'avaient pas voulu profiter de la nuit pour se sauver, venaient, depuis qu'il faisait jour, mais trop tard, se jeter en masse sur le pont. Déjà l'on préparait tout ce qu'il fallait pour le brûler. J'en vis plusieurs qui se jetèrent dans la Bérézina, espérant la passer à la nage sur les glaçons, mais aucun ne put aborder. On les voyait dans l'eau jusqu'aux épaules, et là, saisi par le froid, la figure rouge, ils périssaient misérablement. J'aperçus sur le pont, un cantinier portant un enfant sur la tête. Sa femme était devant lui, jetant des cris de desespoir. Je ne pus en voir davantage; c'était au dessus de mes forces.
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Message par La Poudre Sam 22 Aoû 2009 - 23:03

Salut Vlad ! Je vois que malheureusement, pour toi, les vacançes sont finies, puisque nous retrouvons, avec plaisir, les mémoires du Sergent Bourgogne.

Nous pourrons parler des unes ( les vacançes ) et des autres ( les mémoires ) à Phalsbourg, si tu y viens.

A bientôt, j' espère.

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Message par Invité Dim 23 Aoû 2009 - 8:59

Et oui ! toutes les bonnes choses ont une fin !

Je serai à Phalsbourg avec l'exemplaire des Mémoires que je dois te preter.

Allez zou, de bon matin j'enchaine avec l'extrait 10/, avant dernier de la série.

... La douce chaleur qu'il faisait dans cette chambre me fit éprouver un bien-être auquel j'étais bien loin de m'attendre; je ne me sentais plus de douleurs, de sorte que je dormis pendant deux à trois heures, comme il ne m'était pas arrivé depuis mon départ de Moscou.

Je fus éveillé par un des soldats du train qui me dit:
" Mon sergent, je pense que tout le monde part, car l'on entend beaucoup de bruit: tant qu'à nous, nous allons nous réunir sur la place, d'apres l'ordre que nous en avons reçu hier. Pour votre soldat, ajouta-t-il, il ne faut plus y penser, c'est un homme perdu !"

Je me levai pour le voir: en approchant, je trouvai, à ses côtés, les deux femmes. La plus jeune me remit une bourse en cuir qui contenait de l'argent, en me disant qu'elle était tombée d'une des poches de sa capote. Il pouvait y avoir environ vingt-cinq à trente francs en pièces de Prusse, et autres monnaies. Je donnai le tout aux deux femmes, en leur disant d'avoir soin du malade jusqu'à son dernier moment, qui ne devait pas tarder,car à peine respirait-il encore. Elles me promirent de ne pas l'abandonner.

Le bruit qui se faisait entendre dans la rue allait toujours croissant. Il faisait déjà jour et, malgré cela, nous ne pouvions voir beaucoup, car les petits carreaux des vitres étaient ternis par la gelée et le ciel, couvert d'épais nuages, nous présageait encore beaucoup de neige.

Nous nous disposions à sortir, quand, tout à coup, le bruit du canon se fait entendre du côté de la route de Wilna, et très rapproché de l'endroit ou nous étions. A cela se mêlait la fusillade et les cris et jurements des hommes. Nous entendons que l'on frappe sur des individus: aussitôt nous pensons que les Russes sont dans la ville et que l'on se bat; nous saisissons nos armes; les deux soldats allemands, qui ne sont pas, comme nous, habitués à cette musique, ne savent ce qu'ils font; cependant ils viennent se ranger à nos côtés. Nous avions encore les fusils des deux hommes qui nous avaient quittés le soir, et qui n'étaient pas revenus; ensuite celui de Faloppa. Toutes ces armes étaient chargées. La poudre ne nous manquait pas. Un des soldats allemands avait une bouteille d'eau-de-vie dont il ne nous avait pas encore parlé, mais comptant qu'il aurait peut-être besoin de nous, il nous la présenta. Cela nous fit du bien. L'autre me donna un morceau de pain.

Un soldat du train me dit: " Mon sergent, si nous mettions un de ces fusils entre les mains du paysan qui est là qui tremble près du poêle ? Pensez-vous qu'il ne pourrait pas faire son homme ? - C'est vrai, lui dis-je. - En avant, le paysan ! " répond le soldat. Le pauvre diable, ne sachant ce qu'on lui veut, se laisse conduire. On lui présente un fusil; il le regarde comme un imbécile, sans le prendre; on le lui pose sur l'épaule: il demande pour quoi faire. Je lui dis que c'est pour tuer des Cosaques. A ce mot, il laisse tomber son arme. Un soldat la ramasse et, cette fois, la lui fait tenir de force, el le menaçant, s'il ne tire pas sur les Cosaques, de lui passer sa baïonnette au travers du corps. Le paysan nous fait comprendre qu'il sera reconnu par les Russes pour être un paysan et qu'ils le tueraient. Pendant ce colloque, d'autres cris se font entendre à l'autre extrémité de la chambre: ce sont les deux femmes qui pleurent; Faloppa venait de rendre son dernier soupir !.

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Message par Invité Dim 23 Aoû 2009 - 9:11

J'enchaine avec le dernier extrait, qui, en quelques lignes, résume assez bien les conséquences de cette retraite ...

... Le lendemain 22 décembre, nous nous levâmes de grand matin; un domestique vint nous apporter de la chandelle; nous lui recommandâmes notre cheval en lui promettant de lui donner un pourboire lorsqu'il l'aurait mis au traîneau. On nous apporta la soupe, enfin ce que nous avions demandé.
Alors chacun de nous flatta la bourgeoise en lui disant: " Bonne femme ! belle femme ! " et en lui donnant des petites claques sur le dos, sur les bras et puis ailleurs; le repas fini, nous nous disposions à partir; le traîneau était prêt et nous disions adieu à la femme, lorsqu'elle nous dit: " C'est bien, messieurs, mais avant de partir n'oubliez pas de payer ! - Comment, payer ? Ne sommes-nous pas ici par billet de logement ? Ne devez-vous pas nous nourrir ? - Oui, répondit-elle, pour ce que vous avez mangé hier, mais pour la nourriture d'aujourd'hui il me faut deux thalers ( dix francs )." Je déclarai que je ne payerais pas, et comme la femme voyait que nous nous disposions à partir sans lui donner de l'argent, elle ordonna de fermer la porte, et une douzaine de grands coquins de Prussiens entrèrent dans la maison, armés de grands bâtons de la grosseur de mon bras. Ce n'était pas le cas de discuter: nous payâmes et nous partîmes.

Autres temps, autres moeurs.

A présent, nous étions les moins forts.


Triste conclusion n'est-ce pas ?
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Message par La Poudre Lun 24 Aoû 2009 - 15:09

Au plaisir de se revoir.

Et, pour moi, de bonnes lectures en perspective ...

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Message par Invité Mer 26 Aoû 2009 - 18:17

Bonjour, excellent récit, toujours heureux de te lire!
Amitiés.
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