Campagne d'Austerlitz.

...La vue de ces vainqueurs sordides a causé dans Vienne une impression désastreuse et Napoléon le sait, mais il a le remède à sa portée. Après quelques jours de repos à Schoenbrunn, la Garde revêt sa tenue de parade ; les hommes sont soigneusement rasés ; ils portent "les oreilles de chiens" frisées au petit fer, la queue graissée, poudrée, bien serrée dans le ruban noir ; leurs armes, leurs casques reluisent ; les buffleteries ont été blanchies.

Voilà qui n'a rien de commun avec le piteux spectacle de la ligne. Il neige. Peu importe. Derrière l'impressionnante musique des grenadiers, le défilé commence, lent et solennel, à travers les artères de la capitale : neuf mille hommes, grenadiers, chasseurs, marins, vélites, canonniers, chasseurs et grenadiers à cheval, mameluks. A deux cent cinquante lieues de Paris, la Garde donne la même impression de force, de beauté, de grandeur que dans ses fameuses parades au Carrousel. La population admire et pour un peu applaudirait.

Voilà la véritable armée française ! Les autres sont oubliés.